Coup de gueule du jour : l’accessibilité, et si on en parlait ?

Vous savez que l’accessibilité est l’un de mes chevaux de bataille. Avoir accès aux lieux publics, prendre les transports en commun, aller chez le médecin, partir en vacances, et ce comme monsieur et madame Tout le monde, c’est quand même un droit essentiel.

Et comme on ne peut pas dire que la France soit le paradis de l’accessibilité, j’applaudis bien fort toutes les initiatives qui vont en ce sens ! BRAVO ! Entre nous, on ne devrait d’ailleurs pas avoir à féliciter des aménagements tant ils devraient être acquis et intégrés.

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Les situations exaspérantes qui compliquent la vie et attaquent le moral sont encore trop nombreuses. Je dirais même que parfois, j’ai l’impression – pardonnez-moi l’expression – qu’on se fout de notre gueule. Parce que installer des toilettes handicapées où l’entrée se fait par un escalier, c’est aberrant. Mettre un plot au beau milieu d’une rampe d’accès, ça me met hors de moi. Ça me donne des envies terribles de clouer des politiciens et des architectes dans un fauteuil roulant, histoire de se marrer deux minutes.

L’élément déclencheur

Il faut maintenant que je vous explique pourquoi, aujourd’hui, je sors de mes gonds. Après tout, les personnes handicapées ont l’habitude de rencontrer ce type de situation. Ça leur confère des épaules larges à faire pâlir un bodybuildeur et une carapace digne des Tortues Ninja ! Alors ce genre de déboire ne devrait plus m’atteindre. Mais il y a eu un élément déclencheur, un petit truc en plus, qui se situe encore à un autre niveau.

Certaines villes s’équipent (enfin) de bus accessibles en fauteuil roulant : une petite rampe sur le côté, et un espace réservé à l’intérieur du dit bus. Alors imaginons : Tu attends gentiment à l’arrêt de bus, tu fais signes au chauffeur que tu veux monter à bord, et là… C’est le moment de suspense ! Roulements de tambours ! Vais-je ou pas pouvoir monter dans le bus ?! Pourquoi cette question, me direz-vous ? Après tout, le bus est équipé, alors où peut bien être le problème ? Le problème est le suivant : l’IN-FOR-MA-TION ! Ou plutôt, le manque d’information. Car s’il y a le matériel adéquat, tous les chauffeurs ne savent pas s’en servir. Hé ouais ! Ne serait-ce pas une grosse blague par hasard ?! Car grosso modo, tout est là pour bien faire, des millions ont été claqués pour rendre les bus accessibles à tous, MAIS on a oublié de former les chauffeurs ?! C’est quoi ce délire ? En plus de se faire refouler quand il n’y a pas d’équipements, on se fait également mettre au placard quand il y en a ? D’où mon interrogation : mais est-ce qu’on ne se foutrait pas de notre gueule ?!

 

Cas concrets

À Paris, j’attends un bus de nuit et il n’y en a qu’un qui passe par heure (détail qui a son importance). Le bus arrive mais…le chauffeur ne sait pas comment déplier la rampe… Il me laisse alors en plan sur le trottoir. Par contre, le chauffeur suivant lui il…ah bah non, il ignore également comment faire. Je vous laisse calculer le temps passé à attendre en vain…et l’énervement qui en résulte.

Et puis il y a eu ce weekend à Reims. Et là aussi mes nerfs ont été mis à l’épreuve. Le premier chauffeur a prétexté que « Il n’y en a pas sur celui-là ». Comprendre : il n’y a pas de rampe sur ce bus. Foutaise. Non seulement il y avait le logo « handi » qui indique que le bus est adapté, et en plus même repliée, on peut voir qu’il y a une rampe d’accès. Mais comme il avait sans doute mieux à faire, il est tout simplement parti. Et me voilà, rouge, en train de tourner en rond sur le trottoir. Mais heureusement pour moi, les handi développent une certaine philosophie autour du mot « patience », en plus des épaules larges et de la fameuse carapace. J’attends donc, encore, à l’arrêt de bus. Je fais signe au chauffeur suivant que je veux monter à bord, et là… Il embarque les autres passagers, referme la porte, et…il redémarre ! Alors là, je n’en reviens pas ! Heureusement j’étais assise ! Les collégiens d’à côté qui ont assisté à la scène n’ont pas compris non plus d’ailleurs ! Ils ont rattrapé le bus, qui s’est arrêté, et ils se sont indignés : « Mais vous n’avez pas vu la dame ? Elle veut monter ! » (Pas la peine de relever l’expression « dame », hein). Je me suis jointe à eux, me plantant devant le chauffeur, qui s’est alors retrouvé bien bête d’avoir en face de lui celle qu’il avait tenté d’esquiver. Pas très confortable comme situation n’est-ce pas ? Il m’explique alors qu’il ne sait pas comment faire, que les chauffeurs n’ont pas reçu de formation. Bref, il est désemparé. J’imagine que l’attroupement formé par les gamins qui menacent de porter mon fauteuil à l’intérieur, n’a pas dû le mettre beaucoup plus à l’aise. Il appelle donc la centrale à la rescousse, qui réussit à lui expliquer la manipulation à effectuer pour sortir la rampe, soit : appuyer sur 2 ou 3 boutons.

Durée totale de l’opération : 30 min. Durée de la formation par téléphone : 3 min.

Alors franchement, est-ce qu’on ne se foutrait pas un peu de notre gueule ?

Source : Roulettes et sac à dos

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